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    Georges Brassens, né à Sète le 22 octobre 1921 et mort à Saint-Gély-du-Fesc le 29 octobre 1981, est un poète auteur-compositeur-interprète français.

    Il met en musique et interprète, en s’accompagnant à la guitare, plus d'une centaine de ses poèmes. Outre ses propres textes, il met également en musique des poèmes de François Villon, Victor Hugo, Paul Verlaine, Paul Fort ou encore Louis Aragon. Il reçoit le Grand prix de poésie de l'Académie française en 1967.

    Il enregistre quatorze albums entre 1952 et 1976. Auteur de chansons
    populaires françaises, parmi lesquelles : Le Gorille, Les Copains d'abord,
    Chanson pour l'Auvergnat, Les Amoureux des bancs publics, La Mauvaise
    Réputation, Je me suis fait tout petit, Les Trompettes de la renommée,
    Supplique pour être enterré à la plage de Sète…

     

    Georges Brassens

     

     

      

    Georges Brassens

    Biographie

    Georges Brassens est né dans un quartier populaire du port de Cette (le nom de la ville n'est orthographié Sète qu’en 1928 ; un changement d'orthographe qu'il évoque dans la chanson Jeanne Martin). Dans la maison familiale il est entouré de sa mère Elvira († 1962), de son père Jean-Louis († 1965), de sa
    demi-sœur Simone Comte (1912-1994), née du premier mariage de sa mère, et de ses grands-parents paternels, Jules et Marguerite.

    Sa mère, dont les parents sont originaires de Marsico Nuovo dans la région de Basilicate en Italie du Sud, est une catholique d'une grande dévotion. Veuve de guerre d'Alphonse Comte (27/08/1881-28/10/1914), père de Simone la demi-sœur de Georges, en 1919 Elvira épouse Jean-Louis Brassens, un entrepreneur de maçonnerie. Le père de Georges est un homme paisible, généreux, libre-penseur, anticlérical et doté d'une grande indépendance d'esprit. Deux caractères très différents, qu'une chose réunit : le goût de la chanson. D’ailleurs, tout le monde chante à la maison. Sur le phonographe : les disques de Mireille, Jean Nohain, Tino Rossi ou Ray Ventura et ses Collégiens.

     

    Georges Brassens

    Les années trente : Sète

    Selon le souhait de sa mère, Georges commence sa scolarité, à l'âge de 4 ans, dans l’institution catholique des sœurs de Saint-Vincent. Il en sort deux ans après pour entrer à l’école communale, selon le désir de son père. À 12 ans,
    il entre au collège. Georges est loin d’être un élève studieux. Ses amis le décrivent comme plutôt rêveur en classe. Mais, après l'école, il préfère les jeux, les bagarres, les bains de mer et les vacances. Afin que son carnet de notes soit meilleur, sa mère lui refuse des cours de musique. Il ignorera donc tout du solfège, mais cela ne l’empêche pas de griffonner des chansonnettes sur ses premiers poèmes.

     

    Alphonse Bonnafé

    En 1936, il s'ouvre à la poésie grâce à son professeur de français, Alphonse Bonnafé, alias « le boxeur ». L’adolescent s’enhardit à lui soumettre quelques-uns de ses bouts rimés. Loin de le décourager, l'enseignant lui conseille plus de rigueur et l'intéresse à la technique de versification et à l'approche de la rime. À la poésie et à la chanson populaire s’ajoute sa passion pour les rythmes nouveaux venus d’Amérique qu’il écoute à la TSF : le jazz. En France, Charles Trenet conjugue tout ce qu'il aime. Il sera un modèle.

    « On était des brutes, on s'est mis à aimer [les] poètes.  Et puis,
    grâce à ce prof, je me suis ouvert à quelque chose de grand. Alors, j’ai voulu devenir poète… »

     

    Georges Brassens Mauvaise réputation

    Son intérêt croissant pour la poésie ne lui ôte pas le goût pour les « quatre cents coups ». À 16 ans, au printemps 1938, il se trouve mêlé à une fâcheuse aventure. Dans le but de se faire de l'argent de poche, la bande de copains dont il fait partie commet quelques larcins. Par facilité, les proches en sont les principales victimes. Georges, de son côté, subtilise bague et bracelet de sa sœur. Ces cambriolages répétés mettent la ville en émoi. Lorsque la police
    arrête enfin les coupables, l’affaire fait scandale. Indulgent, Jean-Louis Brassens ne lui adresse aucun reproche quand il va le chercher au poste de police. Pour saluer l’attitude de son père, il en fera une chanson : Les Quatre Bacheliers. « Mais je sais qu'un enfant perdu […] a de la chance quand il a, sans vergogne, un père de ce tonneau-là ». Par égard pour son père, il ne la chantera qu’après sa mort.

    « Je crois qu'il m'a donné là une leçon qui m'a aidé à me concevoir moi-même : j'ai alors essayé de conquérir ma propre estime. […] J'ai tenté, avec mes petits moyens, d'égaler mon père. Je dis bien tenté… »

    Pour sa part, cette mésaventure se solde, en 1939, par une condamnation
    d'emprisonnement avec sursis. Il ne retournera pas au collège. Il passe l’été reclus dans la maison (il se laisse pousser la moustache). Le 3 septembre, la guerre contre l'Allemagne est déclarée. Il pourrait devenir maçon auprès de son père, mais, peine perdue, il ne se satisfait pas de cette perspective. Il persuade ses parents de le laisser tenter sa chance à Paris et partir de Sète où sa réputation est ternie à la suite de cette histoire.

     

    Georges Brassens

    Les années quarante : Paris-Basdorf-Paris

    En février 1940, Georges est hébergé, comme convenu avec ses parents, chez sa tante Antoinette Dagrosa, dans le XIVe arrondissement. Chez elle, il y a un piano. Il en profitera pour maîtriser l’instrument à l’aide d’une méthode, malgré sa méconnaissance du solfège. Pour ne pas vivre à ses dépens, comme promis, il recherche du travail. Il obtient celui de manœuvre dans un atelier des usines Renault. Cela ne durera pas ; le 3 juin, Paris et sa région sont bombardés et l’usine de Billancourt est touchée. Le 14, l’armée allemande entre dans la capitale. C’est l’exode. Georges retourne dans sa ville natale. L’été passé, certain que son avenir n'est pas là, il revient chez sa tante, dans un Paris occupé par la Wehrmacht. Tout travail profitant maintenant à l'occupant, il n'est plus question d'en rechercher.

    Georges passe ses journées à la bibliothèque municipale du quartier. Conscient de ses lacunes en matière de poésie, il apprend la versification et lit Villon, Baudelaire, Verlaine, Hugo et tant d’autres. Il acquiert ainsi une grande culture littéraire qui le pousse à écrire ses premiers recueils de poésie : Les Couleurs vagues, Des coups d'épée dans l'eau, annonçant le style des chansons à venir et À la venvole, où son anarchisme se fait jour. Ce dernier est publié en 1942, grâce à l'argent de ses proches : ses amis, sa
    tante et même une amie de celle-ci, une couturière nommée Jeanne Le Bonniec, qui apprécie beaucoup ses chansons (elle épousera en juin Marcel Planche, peintre en carrosserie).

     

    Georges Brassens

    Basdorf

    En février 1943, l'Allemagne nazie impose au gouvernement de Vichy la mise en place d’un service du travail obligatoire (STO). Georges, 22 ans, est convoqué à la mairie du XIVe arrondissement où il reçoit sa feuille de route. De sévères mesures de représailles sont prévues pour les réfractaires. Le 8 mars, il se trouve gare de l’Est pour se rendre en Allemagne, vers le camp de travailleurs de Basdorf, près de Berlin. Là-bas, il travaille dans la manufacture de moteurs d’avion BMW.

    On le voit souvent plongé dans des bouquins ou écrivant des chansons, qui divertissent ses compagnons, et la suite d’un roman commencé à Paris, Lalie Kakamou. Il lie des amitiés, auxquelles il restera fidèle tout au long de sa vie – notamment avec André Larue, René Iskin et, plus particulièrement, Pierre Onténiente, le bibliothécaire à qui il emprunte régulièrement des livres.

    En mars 1944, Georges Brassens bénéficie d’une permission de quinze jours. C’est une aubaine à saisir : il ne retournera pas en Allemagne.

     

    Georges Brassens

    Jeanne

    À Paris, il lui faut trouver une cachette car il est impossible de passer à travers les filets de la Gestapo en restant chez la tante Antoinette. Jeanne Planche, de trente ans son aînée, accepte d'héberger ce neveu encombrant. Avec son mari Marcel, elle habite une maison extrêmement modeste au 9, impasse
    Florimont. Georges s’y réfugie le 21 mars 1944, en attendant la fin de la guerre. On se lave à l’eau froide, il n’y a ni gaz, ni électricité (donc pas de radio), ni le tout-à-l’égout. Dans la petite cour, une vraie ménagerie : chiens, chats, canaris, tortues, buse… et la fameuse cane qu'il célèbrera dans une chanson. Il est loin de se douter qu’il y restera vingt-deux ans.

    Dans ce cocon — il se lève à 5 heures du matin et se couche avec le soleil
    (rythme qu'il gardera la majeure partie de sa vie) —, il poursuit l'écriture
    de son roman et compose des chansons en s’accompagnant d’un vieux banjo.

    « J'y étais bien, et j'ai gardé, depuis, un sens de l'inconfort tout à fait
    exceptionnel. »

    Cinq mois plus tard, le 25 août, c’est la libération de Paris. La liberté
    soudainement retrouvée modifie peu ses habitudes. Avec leur consentement, il se fixe à demeure chez les Planche. Sa carte de bibliothèque récupérée,
    Brassens reprend son apprentissage de la poésie et s’adonne à nouveau à la littérature.

    La fin de la guerre, signée le 8 mai 1945, marque le retour à Paris des
    copains de Basdorf. Avec ses amis retrouvés, Brassens projette la création
    d'un journal à tendance anarchiste, Le Cri des gueux. Après la sortie du
    premier numéro, faute de financement suffisant, le projet tourne court.

    Parallèlement, il monte, avec Émile Miramont (un copain sétois) et André Larue (rencontré à Basdorf), le « Parti préhistorique » qui vise surtout à tourner en dérision les autres partis politiques et qui préconise un retour à un mode de vie plus simple. Ce parti ne verra jamais le jour, à la suite de l’abandon de Miramont.

    Avec l’aide financière de Jeanne, il achète la guitare d’un ami. Elle lui sera volée.

    En 1946, il hérite du piano de sa tante Antoinette, morte en juillet. Cette
    année-là, il ressent ses premiers maux de reins accompagnés de crises de
    coliques néphrétiques.

     

    Georges Brassens

    Le libertaire

    En 1946, il se lie avec des militants anarchistes (notamment avec le peintre Marcel Renot et le poète Armand Robin) et lit Mikhaïl Bakounine, Pierre-Joseph Proudhon et Pierre Kropotkine. Ces lectures et ces rencontres le conduisent à s'impliquer dans le mouvement et écrire quelques chroniques dans le journal de la Fédération anarchiste, Le Libertaire (aujourd'hui Le Monde libertaire),
    sous les pseudonymes de Gilles Colin ou Geo Cédille6. Il y exerce également un double emploi non rémunéré de secrétaire de rédaction et de correcteur. Ses articles sont virulents, teintés d'humour noir, envers tout ce qui porte atteinte aux libertés individuelles. La violence de sa prose ne fait pas l’unanimité auprès de ses collègues.

    Il collabore également périodiquement au bulletin de la CNT.

    En juin 1947, il quitte la Fédération en gardant intacte sa sympathie pour les anarchistes (plus tard, Brassens ira régulièrement se produire bénévolement dans les galas organisés par Le Monde libertaire).

    Son roman achevé en automne est publié à compte d’auteur. Lalie Kakamou est devenu La Lune écoute aux portes. Estampillé NRF, la couverture plagie, par provocation, celles de la maison Gallimard. Brassens adresse une lettre à l’éditeur concerné pour signaler cette facétie. Contre toute attente, il n’y aura aucune réaction.

     

    Georges Brassens

    Püppchen

    Pour ne pas attiser la jalousie de Jeanne, Georges a vécu des amourettes clandestines. Il y eut en particulier Jo, 17 ans (juin 1945 – août 1946). Une relation tumultueuse qui lui inspira peut-être quelques chansons : Une jolie fleur, P… de toi et, en partie, Le Mauvais Sujet repenti (modification de Souvenir de parvenue déjà écrite à Basdorf.)

    En 1947, il rencontre Joha Heiman (1911-1999, morte dix-huit ans après lui et enterrée avec lui). Originaire d’Estonie, elle est son aînée de neuf ans – affectueusement, il l’appelle « Püppchen », petite poupée en allemand, mais ils l'orthographieront tous les deux « Pupchen » (c'est le nom gravé sur leur tombe). Désormais, on ne lui connaîtra pas d'autres conquêtes féminines. Ils ne se marieront jamais ni ne cohabiteront. Il lui écrira J’ai rendez-vous avec vous, Je me suis fait tout petit (devant une poupée), Saturne et Rien à jeter.

    Ses talents de poète et de musicien sont arrivés à maturité. De nombreuses chansons sont déjà écrites. Pratiquement toutes celles de cette époque qu'il choisira d'enregistrer deviendront célèbres, comme Le Parapluie, La Chasse aux papillons, J'ai rendez-vous avec vous, Brave Margot, Le Gorille, Il n'y a pas d'amour heureux.

    La personnalité de Brassens a déjà ses traits définitifs : la dégaine d'ours
    mal léché, la pipe et les moustaches, le verbe libre, imagé et frondeur et
    pourtant étroitement soumis au carcan d'une métrique et d'un classicisme scrupuleux, le goût des tournures anciennes, le culte des copains et le besoin de solitude, une culture littéraire et chansonnière pointue, un vieux fond libertaire, hors de toute doctrine établie, mais étayé par un individualisme aigu, un antimilitarisme viscéral, un anticléricalisme profond et un mépris total du confort, de l'argent et de la considération. Il ne changera plus.

     

    Georges Brassens

    Les années cinquante : de Patachou à Bobino

    En 1951, Brassens rencontre Jacques Grello, chansonnier et pilier du Caveau de la République qui, après l'avoir écouté, lui offre sa propre guitare et lui conseille, plutôt que du piano, de s’accompagner sur scène avec cet
    instrument. Ainsi « armé », il l'introduit dans divers cabarets pour qu'il soit auditionné. Alors, il compose d'abord sur piano ses chansons qu'il transcrit pour guitare.

    Sur scène, Brassens ne s’impose pas. Intimidé, paralysé par le trac, suant, il est profondément mal à l'aise. Il ne veut pas être chanteur, il préférerait proposer ses chansons à des chanteurs accomplis, voire à des vedettes de la chanson.

     

     

    Georges Brassens

    Patachou

    Après plusieurs auditions infructueuses, Brassens est découragé. Roger Thérond et Victor Laville, deux copains sétois, journalistes du magazine Paris Match,
    viennent le soutenir et tentent de l'aider dans la mesure de leurs moyens. Ils lui obtiennent une audition Chez Patachou le jeudi 24 janvier 1952, dans le cabaret montmartrois de la chanteuse. Le jour dit, et au bout de quelques chansons, Patachou est conquise. Enhardi, Brassens lui propose ses chansons. Elle ne dit pas non et l'invite même à se produire dans son cabaret dès que possible. Les jours suivants, malgré son trac, Georges Brassens chante effectivement sur la scène du restaurant-cabaret de Patachou. Pour le soutenir, Pierre Nicolas, bassiste dans l'orchestre de la chanteuse, l’accompagne spontanément.

     

    Georges Brassens

     René Fallet

    Séduit par les chansons qui passent à la radio, l’écrivain René Fallet va l’écouter un soir aux Trois Baudets. Il en sort ravi et son enthousiasme le pousse à publier un article dithyrambique dans Le Canard enchaîné du 29 avril 1953 : « Allez, Georges Brassens ! »

    « La voix de ce gars est une chose rare et qui perce les coassements de toutes ces grenouilles du disque et d’ailleurs. Une voix en forme de drapeau noir, de robe qui sèche au soleil, de coup de poing sur le képi, une voix qui va aux fraises, à la bagarre et… à la chasse aux papillons. »

    Touché, Brassens lui écrit pour le remercier et lui demander de venir le voir aux « Baudets ». Leur rencontre sera le début d’une amitié qui durera le restant de leur vie.

     

    Georges Brassens

    Pierre Nicolas

    Son second roman, La Tour des miracles, est publié en juin, aux éditions des Jeunes Auteurs réunis, dirigées par Jean-Pierre Rosnay, qui est aussi l'auteur de la préface. Son premier album, Georges Brassens chante les chansons poétiques (… et souvent gaillardes) de… Georges Brassens, sort chez Polydor en octobre. Devenu vedette, il triomphe en tête d’affiche de Bobino (16 au 29 octobre 1953).

    En 1954, c'est au tour de l’Olympia (23 février au 4 mars et du 23 septembre au 12 octobre). Pour cette grande scène, il fait appel à Pierre Nicolas pour l’accompagner à la contrebasse, marquant ainsi le début d’une collaboration qui durera presque trente ans. Le bassiste sera désormais de toutes les scènes et de tous les enregistrements. Bobino (du 25 novembre au 15 décembre) achève cette année qui a vu la publication, en octobre, de La Mauvaise Réputation, recueil où sont réunis des textes en prose et en vers, dont une pièce de théâtre : Les Amoureux qui écrivent sur l’eau.

     

    Georges Brassens

    Moulin de la Bonde

    La maison de Jeanne, impasse Florimont, est toute petite. Pour vivre comme il
    l'entend, il jette son dévolu, en 1958, sur le moulin de La Bonde, au bord du Ru de Gally, à l'extérieur du village de Crespières, en Seine-et-Oise (dans les Yvelines actuelles). Il s'y rend souvent pour, entre autres, y honorer grandement l’amitié des copains d’enfance : Victor Laville, Émile Miramont, Henri Colpi, Roger Thérond ; de ceux de Basdorf : René Iskin, André Larue ; des anars du Libertaire ; des amis du monde de la chanson et du spectacle : Marcel Amont, Guy Béart, Georges Moustaki, Jacques Brel, Pierre Louki, Jean Bertola, Boby Lapointe, Lino Ventura, Raymond Devos, Jean-Pierre Chabrol, Bourvil (en voisin), Fred Mella (soliste des Compagnons de la chanson) et bien d’autres. Fidèles, jusqu’à la fin. Seule Jeanne refusera de venir au moulin.

    Dorénavant, il cesse de se produire dans les cabarets pour alterner les tours de chant entre Bobino et l’Olympia. Il poursuit ses tournées à l’étranger (1958 : Suisse, Rome, 1959 : Belgique, Afrique du Nord, 1961 : Québec, etc.)

     

    Georges Brassens

    Les années soixante : honneurs et douleurs

    Jacques Charpentreau écrit le premier ouvrage sur le chanteur : Georges Brassens et la poésie quotidienne de la chanson.

    En 1961, il sort un disque en hommage à Paul Fort, mort l’année précédente, disque où sont réunis les sept poèmes qu’il a mis en musique.

    En avril 1962, il fête à Bobino ses dix ans de carrière. Le 15 mai, il monte un spectacle en hommage à Paul Fort, au théâtre Hébertot. Le 5 décembre, jour de la première à l’Olympia avec Nana Mouskouri, il souffre d’une crise de coliques néphrétiques. Sur l’insistance de Bruno Coquatrix, il honore les dates prévues à partir du lendemain jusqu’au 24 décembre. Chaque soir, une ambulance l’attend. À la suite de cette douloureuse expérience, il ne retournera plus à l’Olympia. Le 31 décembre, il apprend la mort de sa mère. Le jour même, il se rend à Sète puis regagne Marseille pour se produire à l’Alcazar. « Pour la première fois, ce soir, elle me voit chanter » dit-il.

    Le prix Vincent Scotto, décerné par la SACEM, gratifie Les Trompettes de la renommée, de meilleure chanson de l'année 1963. En octobre, le numéro 99 de la très sélective collection Poètes d’aujourd’hui, qui paraît chez les libraires, est consacré à Georges Brassens. Quand l’éditeur, Pierre Seghers, lui avait fait part de ce projet, Brassens accepta à condition que son ancien professeur de français, Alphonse Bonnafé, soit l’auteur du texte. Brassens est ainsi le second auteur de chansons (après Léo Ferré), à figurer dans cette collection. Dans son journal, René Fallet écrit :

    « C’est le triomphe enfin avoué et officiel de ceux qui, voilà dix ans,
    criaient au poète pour les sourds. »

    Dix ans se sont écoulés depuis la parution de son premier album — neuf ont paru, quatre-vingts chansons ont été enregistrées. Pour marquer cet
    anniversaire, un coffret de six 33 tours 30 cm, Dix ans de Brassens, est mis en vente. Le 6 novembre, Georges Brassens se voit honoré pour cet ouvrage, par l’Académie Charles-Cros, en recevant le Grand Prix international du disque 1963 des mains de l’écrivain Marcel Aymé.

    Souffrant de calculs rénaux depuis plusieurs mois déjà, les crises de coliques néphrétiques deviennent plus aigües. Il subit une opération des reins à la mi-janvier. Après une longue convalescence, il est à nouveau sur les planches de Bobino en septembre.

     

    Georges Brassens

    Les Copains d’abord

    Le film d’Yves Robert, Les Copains, sort en 1965. Pour le générique, Brassens a composé une chanson : Les Copains d’abord. Le succès qu’elle rencontre est tel qu’il rejaillit sur les ventes de son premier album 33 tours 30 cm et sur son triomphe à Bobino (du 21 octobre au 10 janvier 1965) avec, en alternance,
    Barbara, Serge Lama, Michèle Arnaud, Brigitte Fontaine ou Boby Lapointe. L'une
    de ses nouvelles chansons, Les deux oncles, où il renvoie dos à dos les deux camps de la Seconde Guerre mondiale pour exprimer l’horreur que lui inspire la guerre, jette le trouble et lui vaut des inimitiés chez certains de ses admirateurs.

    Jean-Louis Brassens, lui non plus, n’aura jamais vu son fils sur scène ; il
    meurt le 28 mars 1965 et Marcel Planche, quant à lui, le 7 mai suivant.

    Lors d’une émission radiophonique (Musicorama), diffusée en direct du théâtre de l'ABC le 12 octobre, Georges Brassens réalise un rêve : chanter avec Charles Trenet. Ils renouvelleront cette expérience pour une émission télévisée (La La La), en mars 1966. L’estime qu’ils se portent est réciproque, mais Trenet garde ses distances. « C’est le grand regret de Georges. S’il y en avait un qu’il aurait vraiment aimé fréquenter, c’est bien Trenet. Or il s’est trouvé que Trenet […] n’a rien fait pour aller vers Georges. »

     

    Les années soixante-dix : Bretagne et Grande-Bretagne

    En 1971, il compose également la musique du film de Michel Audiard, Le drapeau noir flotte sur la marmite, adaptation du roman de René Fallet : Il était un petit navire et apparait dans Italiques pour parler de son admiration pour le livre, Le greffier, de l'écrivain Louis Nucera.

    Dans ces années là, le grand auteur-compositeur qu'il est, découvert par
    Jacques Canetti, s'en remet à un Lyonnais, Jean Bertola, pour ses tournées et son secrétariat.

     

    Georges Brassens 

    Lézardrieux

    Conséquence de vacances passées à Paimpol chez le neveu de Jeanne, depuis les années cinquante, Georges Brassens apprécie la Bretagne. Michel Le Bonniec lui a trouvé une maison sur les rives du Trieux, à Lézardrieux: « Ker Flandry ». Le moulin de Crespières est mis en vente en début 1970. À la demande de Brassens, « Gibraltar » et son épouse viennent habiter la maison de l’impasse Florimont.

    Brassens a 50 ans et vingt ans de carrière. Un autre tour de chant l’attend à Bobino avec Philippe Chatel, Maxime Le Forestier, Pierre Louki, en alternance (10 octobre 1972 au 7 janvier 1973). Avec la chanson Mourir pour des idées il répond aux réactions mitigées envers sa chanson Les Deux oncles. Le 30 octobre 1972, il participe à une soirée spéciale contre la peine de mort au Palais des sports de Paris. À partir du 14 janvier 1973, il entame ses dernières tournées françaises. Il passe au théâtre municipal de Sète, le 13 avril 1973. Cette année-là, il fait son entrée dans Le Petit Larousse.

     

    Georges Brassens 

    Saint-Gély-du-Fesc

    D'inquiétantes douleurs abdominales de plus en plus vives l’amènent à se faire examiner. Un cancer de l’intestin est diagnostiqué et se généralise. Il est opéré à Montpellier, dans la clinique du docteur Bousquet en novembre 1980. L'année suivante, une nouvelle opération à l’hôpital américain de Paris lui
    accorde une rémission qui lui permet de passer l'été dans la propriété des Bousquet, à Saint-Gély-du-Fesc, au nord de Montpellier. Retour à Paris et séjour à Lézardrieux.

    Hormis les disques de ses chansons arrangées en jazz — dans lequel il est à la
    guitare auprès de prestigieux jazzmen — en 1979 et celui en faveur de Perce-neige, l’association de son ami Lino Ventura, sur lequel il chante les chansons de son enfance en 1980 et sans oublier son rôle du hérisson dans le conte musical Émilie Jolie de Philippe Chatel en 1979, il n’a pas enregistré d’album depuis cinq ans. Pourtant, près de quinze chansons sont prêtes, quinze autres en gestation. Il échafaude le projet de les graver, mais ne pourra le mener à bien. Après sa mort, Jean Bertola acceptera de les chanter. L’album sera un succès commercial et sera récompensé par l’académie Charles-Cros.

    Ultime satisfaction, la peine de mort — contre laquelle il avait écrit Le
    Gorille, fait des galas, manifesté, signé des pétitions — est abolie le 9
    octobre 1981.

    Revenu dans la famille de son chirurgien, à Saint-Gély, il fête son
    soixantième anniversaire.

    Il meurt dans la nuit du jeudi 29 octobre 1981, à 23 h 15. Georges Brassens
    est inhumé à Sète, le matin du samedi 31, dans le caveau familial dont la
    pierre tombale porte une croix, au cimetière Le Pynote 28. Le choc de sa mort est immense dans toute la France. En ouverture du journal télévisé du 30 octobre, sur Antenne 2, Patrick Poivre d'Arvor, visiblement ému, déclare :

    « On est là, tout bête, à 20 ans, à 40, à 60… On a perdu un oncle. »

    Joha Heiman mourra le 19 décembre 1999 et sera enterrée à ses côtés.

    Lui qui avait comme modèle de réussite Paul Misraki, parce qu'il était chanté partout sans être connu du grand public, ne se doutait pas qu'un jour il accéderait à la renommée internationale. On lui a consacré aujourd'hui plus de cinquante thèses, on le chante partout : au Japon, en Russie, en Amérique du Nord, en Italie, en Espagne, etc. Au total, il est traduit dans une vingtaine de langues.

     

    Georges Brassens

     

    Postérité

    Parmi les innombrables auteurs-compositeurs-interprètes durablement influencés par Georges Brassens, on peut citer Georges Moustaki (qui, en hommage, choisira de porter le même prénom), Maxime Le Forestier, Pierre Perret, Renaud, Yves Duteil, Francis Cabrel et Fabrizio De André.

     

    Lieux portant son nom

    En France, de très nombreux établissements scolaires, salles de spectacle,
    parcs et jardins, espaces publics, voies, portent le nom de Georges Brassens, dont, à Paris, le Square Georges-Brassens, tout proche de sa maison de la rue Santos-Dumont, ou encore le foyer Georges Brassens à Beaucourt (Franche-Comté), lieu de divers spectacles. Il existe également une place Georges-Brassens (Georges-Brassens-Platz) à Basdorf en Allemagne, et la bibliothèque municipale de cette ville porte son nom.

     

     

    Georges Brassens

     

    Les textes d'autres auteurs

    Tout au long de sa carrière, Brassens aura repris, mis en chansons et
    interprété ou simplement dit les textes de nombreux poètes. Parmi eux :

    Louis Aragon : Il n'y a pas d'amour heureux ;
    Paul Fort : Le Petit Cheval, Si le bon Dieu l'avait voulu, La Marine,
    Comme hier (mis en musique et chantés), L'Enterrement de Verlaine, Germaine Tourangelle, À Mireille dite « Petit Verglas » (récités sans musique) ;
    Victor Hugo :La Légende de la nonne, Gastibelza, Altesse ;
    Francis Jammes : La Prière ;
    Alphonse de Lamartine : Pensée des morts ;
    Antoine Pol : Les Passantes ;
    Jean Richepin : Les Oiseaux de passage, Les Philistins ;
    François Villon : Ballade des dames du temps jadis ;
    Paul Verlaine : Colombine, Chanson d'automne (musique de Trenet) ;
    Alfred de Musset : Ballade à la lune, À mon frère revenant d'Italie ;
    Théodore de Banville : Le Verger du roi Louis ;
    Gustave Nadaud : Carcassonne, Le Roi boiteux ;
    Norge pour les paroles et Jacques Yvart pour la musique : Jehan l'advenu ;
    Pierre Corneille, pour les stances et Tristan Bernard pour la conclusion :
    Marquise ;
    Henri Colpi, pour les paroles et Georges Delerue pour la musique : Heureux qui comme Ulysse (chanson du film éponyme d'Henri Colpi).

     

     

    Georges Brassens

     

     

    Hommages à Brassens (en chansons)

    Jean Ferrat : À Brassens, LP Nuit et Brouillard, Barclay, 1963
    Jean-Marie Vivier : Supplique à Georges Brassens (pour qu'il n'entre pas à
    l'Académie française), LP 1972
    Georges Moustaki: Les Amis de Georges, LP Polydor, 1974
    Maxime Le Forestier : La Visite, CD Né quelque part, Polydor, 1988
    La chanteuse québécoise Renée Claude a enregistré un album hommage
    intitulé J'ai rendez-vous avec vous, 1993
    Renaud : Mon bistrot préféré, CD Boucan d'enfer, Virgin, 2002
    Marie Volta : Du côté de chez Georges, CD Chanson de toile, Édition 4,
    2005
    Pierre Perret : T'as pas la couleur, CD Mélangez-vous, Naïve, 2006
    en Catalan Miquel Pujadó, Fum de pipa i pèl de gat CD Núvols i clarianes
    Columna Música 1997
    Les Oiseaux de passage : Album de reprises sorti en 2001 et enregistré par
    des artistes français parmi lesquels Noir Désir, Arthur H, Miossec, Bénabar,
    Magyd Cherfi,Têtes Raides, Weepers Circus et Damien Saez.
    en polonais Zespół Reprezentacyjny, Pornograf CD 1993 et Kumple to grunt CD 2007
    The Brassens, devenue plus tard La Pompe Moderne est un groupe sétois qui reprend les chansons d'autres artistes à la manière de Brassens (Harder, Better, Stronger des Daft Punk devenant Plus Dur, Meilleur, Plus Rapide, Plus Fort, Je danse le mia d'IAM, DJ de Diam's, Le Bal masqué de La Compagnie créole, Pull marine d'Isabelle Adjani, etc.)

    Pierre Chêne, Brassens est mort et c'est l'automne
    Font et Val, Chanson pour Brassens, Font et Val montrent tout à Bobino,
    1982
    Michel Vivoux, Pourvu qu'j'y aille, Album No biture, 1986
    Pierre Louki, Allo, viens je m'emmerde, Album Retrouvailles, 1991
    Gizo Evoracci, Turlupin, Album Blow, 2010
    Sinsemilia, La Mauvaise Réputation
    Les Wriggles, La Mauvaise Réputation
    Le groupe toulousain Brassen's not dead se consacre à reprendre en
    Punk-rock le répertoire de Brassens.
    Weepers Circus rend hommage à Georges Brassens dans la chanson La visite, extrait de l'album L'ombre et la demoiselle, en 2000.
    Javier Krahe, auteur interprète espagnol a traduit en 1981 L'Orage (La
    Tormenta) et l'interprète sur l'album La mandrágora.

    Sur un autre de ses albums, Elígeme, en 1988, il interprète Marinette, (Marieta). Il revendique l'influence de l’œuvre de Brassens.

     

     

    Georges Brassens

     

    Prix et distinctions

    1954 : Grand Prix du disque de l’Académie Charles-Cros pour la chanson, Le Parapluie.
    1958 : « Bravo du Music-Hall », décerné par l'hebdomadaire, Music-Hall au chanteur le plus populaire de l'année.
    1963 : Prix Vincent Scotto, décerné par la SACEM, pour Les Trompettes de
    la renommée, désignée meilleure chanson de l'année.
    Grand Prix international du disque de l’Académie Charles-Cros pour le
    coffret Dix ans de Brassens.
    1967 : le Grand Prix de poésie lui est décerné pour l’ensemble de son
    œuvre, par l'Académie française, le 8 juin.
    1974 : la Monnaie de Paris frappe une médaille à son effigie.
    1975 : Grand Prix de la ville de Paris.
    1979 : Prix de l’Académie du disque français — association sous la haute
    autorité du président de la République —, remis en décembre par le maire de Paris, Jacques Chirac, à Moustache et à Georges Brassens pour l’album Georges Brassens joue avec Moustache et Les Petits Français.
    « Trophée Numéro 1 » remis par la station de radio, Europe 1 pour
    l’album Georges Brassens joue avec Moustache et Les Petits Français.
    2012 : le chanteur est l'effigie d'une pièce de 10 € en argent éditée en
    2012 par la Monnaie de Paris, pour la collection « Les Euros des Régions »
    afin de représenter sa région natale, le Languedoc-Roussillon.

     

    Georges Brassens

     

    Georges Brassens

     

    Supplique pour être enterré à la plage de sète 

    Si le lecteur ne fontionne pas, cliquer sur le titre

     

     

     

    Ref : Wikipédia

     

     

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